Interview avec l'artiste Naskita (page 5)

Je dois avouer, sans pouvoir l'expliquer, que j'ai toujours eu la profonde conviction que les réponses apportées ne reposaient pas sur le bon référentiel. Sur cette conviction inexplicable, j'ai consacré une grande partie de ma vie à la recherche des véritables réponses. J'ai découvert que plus les réponses s'universalisaient et plus il devenait difficile de les exprimer du fait qu'elles appartenaient à un référentiel différent de la réalité sensible. En effet comment traduire par exemple une couleur qui n'existerait pas dans notre réalité, nous n'aurions que des approximations du genre: ce n'est pas ceci ni cela, mais cela ressemble à ceci ou cela, sans l'être vraiment. Les non définitions et l'absence de référentiel nous fait atteindre très rapidement les limites perceptuelle et conceptuelle de l'esprit ainsi que celles des mots dans ce type de démarche.

Michel - Votre conviction d'un référentiel différent c'est elle révélée exacte?
Naskita - Oui, j'en ai eu la confirmation il y a quelques années grâce à des expériences extra-sensorielles surprenantes et très particulières. J'ai découvert, ce que j'ai appelé depuis: «la connaissance expériencielle», c'est à dire un type de connaissance qui ne se révèle que dans l'expérience et qui est inexprimable en dehors de celle-ci. Cette connaissance est universelle et répond à toutes les questions de l'humanité. C'est pourquoi, confronté à l'impossible expression de ces connaissances dans notre réalité, j'ai conçu mes œuvres comme des clés expériencielles. Car seul celui qui accède à la connaissance expériencielle, peut appréhender la vérité fondamentale, pas celle des hommes mais celle qui sous-tend toute notre réalité sensible dans ses multiples dimensions. Pour conclure, je dirais que mes œuvres sont, à l'image du chercheur, la publication des résultats de mes recherches, des clés pour celles et ceux qui cherchent des réponses fondamentales et qui ne craignent pas d'affronter l'inconnu, de perdre temporairement leurs références en franchissant leurs limites perceptuelles et conceptuelles.

Michel - Vos œuvres symboliques et métamorphiques jouent elles des rôles différent dans votre démarche?
Naskita - Mes œuvres symboliques font appel en priorité aux acquis culturelles propre à chacun alors que mes œuvres métamorphiques mettent plutôt en causes certaines dimensions de l'inconscient individuel et collectif. Le public s'approprie mes œuvres en fonction de son état d'esprit, de ses acquis et de ses capacités, mais leurs rôles restent le même, seule le traitement est différent.

Michel - Quel part occupe l'esthétisme dans vos œuvres?
Naskita - Dans mes œuvres symbolique et métamorphique, l'esthétisme n'est pas un but en soit, il pourrait altérer la structure même de la clé, il s'agit d'avantage d'une conséquence que d'une démarche volontaire. Toutefois, je suis très attaché à l'esthétisme dont je réserve toute l'expression dans d'autres types d'œuvres que j'entends présenter au public au cours de l'année 2008. Des œuvres strictement esthétique qui se démarqueront radicalement de ma démarche de connaissance expériencielle. Des œuvres exclusivement conçue pour le seul plaisir des yeux.

Michel - Je vous écouterais des heures mais je sais que vous n'êtes pas un adepte des entrevues et que vous m'avez accordé celle-ci à titre exceptionnel. Je tiens à vous remercier pour cette chaleureuse entrevue, qui, je l'espère, saura apporter un peu plus d'éclarage sur vous et sur votre œuvre auprès de votre public.

Naskita - Merci Michel au plaisir de vous revoir.


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